Convaincu d’être malade ? Et si vous étiez hypocondriaque ?

Molière en a fait une pièce de théâtre… et il avait raison, car c’est hilarant ! Enfin, sauf pour la personne atteinte d’hypocondrie…

À quoi reconnait-on une personne hypocondriaque ?

Premièrement, la personne hypocondriaque est constamment inquiète de son état de santé. Elle va donc aller se renseigner sur des sites tels que Doctissimo ou d’autres forums divers afin de vérifier la compatibilité entre tel symptôme qu’elle présente et telle maladie qui pourrait potentiellement correspondre. Cette activité, extrêmement chronophage, va renforcer le sentiment d’anxiété de la personne qui se pense atteinte d’une maladie grave…

Vous imaginez bien que c’est rarement d’un simple rhume dont pensent souffrir les victimes d’hypocondrie. Le problème majeur réside dans le fait que ces recherches viennent les conforter dans l’idée qu’il y a bel et bien un souci d’un point de vue médical.

Deuxièmement, on observe que les personnes hypocondriaques sont sans cesse chez le médecin. Et oui ! Il ont même une carte de fidélité coincée entre la carte bleue et la carte vitale ! Blague à part, les consultations s’enchaînent et ils iront jusqu’à quémander des rendez vous auprès de médecins spécialistes.

À l’issue des consultations, le « malade » n’est malheureusement ni rassuré ni satisfait. Il se sent bien souvent incompris et abandonné par le corps médical. Les résultats des examens vont calmer ses angoisses quelques jours puis très vite, d’autres « symptômes » vont faire leur apparition. “Et si le bilan de mon IRM avait été mal interprété ?

Et si la médecine que l’on dit moderne n’était pas capable d’identifier la maladie dont je souffre ? Peut être même s’agit-il d’une maladie rare difficile à diagnostiquer ?” Etc, etc.

L’hypocondriaque se retient parfois d’expérimenter de nouvelles choses. Par exemple, un plat au restaurant inconnu risquerait de provoquer une forte réaction allergique menant à coup sûr au choc anaphylactique.

Une activité sportive trop intense pourrait provoquer une crise cardiaque ou une crise d’asthme. (À choisir, je prends la seconde option…). Chaque vaccin ou traitement est à ses yeux susceptible d’entraîner de graves effets secondaires.

Paradoxalement, il arrive donc qu’une personne hypocondriaque refuse de se soigner par peur de mal réagir au traitement qu’il lui sera prescrit. Les placebos seraient à priori une bonne solution parfois mise en place par le corps médical pour lutter contre les multiples symptômes de cette pathologie.

Les conséquences de l’hypocondrie.

Une personne atteinte d’hypocondrie aura une fâcheuse tendance à se replier sur elle-même. Par peur de se mêler aux autres du fait d’éventuelles contaminations, elle évitera parfois des événements familiaux (Noël, repas de famille, anniversaire…) et provoquera alors son isolement. Certains vont parler de leurs maux sans cesse, véritablement obsédés par une panoplie de symptômes.

Ils chercheront du réconfort auprès de leurs proches, souvent lasses de les écouter se lamenter des heures durant. Quand aux familles compatissantes, elles s’inquiéteront et s’agaceront eux aussi d’un corps médical vraisemblablement incompétent qui ne parvient pas à mettre de mot sur le mal dont souffre leur enfant, parent, etc.

« Votre plus haut savoir n’est que pure chimère, vains et peu sages médecins.»

Il est évident qu’une des conséquences directe de l’hypocondrie est l’angoisse que cela génère. L’impact sur la vie professionnelle est conséquent.

Des crises de spasmophilie peuvent avoir lieu, engendrant ainsi palpitations, nausées, raideurs musculaires, dyspnée, paresthésies, sensation d’oppression, sueurs, vertiges, dépersonnalisation… La liste est longue.

Elle peut malheureusement conduire à un état chronique si aucune prise en charge n’intervient et si la personne persiste dans cet état obsessionnel. Dans les cas extrêmes, des troubles alimentaires tel que l’anorexie peuvent apparaître. (Chouette, ça fera plus de gâteau pour les autres !)

À terme, de véritables pathologies peuvent apparaître. On dénombre des désordres d’ordre cardiaques entre autre. Il est évident qu’un excès de stress donne lieu à une surproduction de cortisol qui est néfaste pour l’organisme à terme.

Le faux malade pourrait bien devenir un vrai malade s’il ne prend pas rapidement conscience que tout cela se joue dans son imaginaire.

« Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies. »

La photo de ce cher monsieur qui s’enfile des cachetons entouré de mouchoirs usagers et emmitouflé dans un plaid n’est en réalité pas très représentative de la réalité. L’hypocondriaque ne laisse pas transparaître de façon aussi subtile son anxiété.

Comment se sortir de l’hypocondrie ?

Je pouvais passer des heures sur mon téléphone le soir à chercher de quelle maladie je pouvais bien souffrir. J’étais même sûre à une période de ma vie de souffrir d’une tumeur au cerveau. J’ai passé un scanner cérébral dont les résultats ont révélé une brillante intelligence mais rien de malin. (Avouez que la double vanne ici est parfaite).

J’ai enchaîné les médecins traitants car je les considérais tous inaptes à l’exercice de leurs fonctions. Mes connaissances en matière de médecine s’améliorait d’année en année ce qui reste à ce jour et à mon sens LE SEUL VRAI POINT POSITIF de cette phase de ma vie.

J’ai pu apprendre sur le fonctionnement du corps humain au travers d’articles rédigés par de vrais médecins. J’ai découvert des maladies et des syndromes dont j’ignorais tout à force de traîner sur la toile à la recherche de diagnostics hâtifs et au travers de témoignages de personnes très certainement elles aussi atteintes d’hypocondrie.

Bon, peut être pas toutes mais je peux vous assurer avoir rencontré des gens vraiment au fond du trou et convaincus d’être en phase terminale d’un cancer de la prostate alors que leurs examens ne révélaient rien.

Un jour, en composant le 15, le médecin opérateur m’a dit : « Mais vous êtes infirmière ? » Je lui énonçais la liste des symptômes que je présentais avec une grande précision dans le choix des termes employés. Je maîtrisais parfaitement le champ lexical médical que le médecin lui même a cru que j’étais du métier ! C’est là que j’ai compris que j’allais trop loin.

“Mon hypocondrie s’est accompagnée pendant des années d’un autre trouble terrible qui me pourrissait la vie… Les crises d’angoisse.”

Un autre soir alors que j’assistais à un spectacle de Florence Foresti au Zénith de Nantes, j’ai du sortir précipitamment pour cause une fois de plus de forte arythmie. (Provoquée par l’anxiété de la foule) J’ai loupé 1/2h de spectacle de mon artiste préférée que j’attendais de voir sur scène depuis un an.

Elles aussi me conféraient la certitude d’être atteinte d’une pathologie cardiaque grave. Je redoutais la mort subite, et encore plus lors d’un trajet en voiture ! (Allez savoir pourquoi…) Cette angoisse donnait lieu à de véritables psychoses.

Un soir, elles m’ont amenées à être escortée par une voiture de police jusqu’au domicile de ma belle-mère de l’époque.

En effet, je n’étais plus capable de piloter la voiture. A l’arrêt sur la bande d’arrêt d’urgence du périphérique nantais et en pleine nuit alors qu’il pleuvait des cordes, je me suis retrouvée comme tétanisée.

C’est sans compter les innombrables soirées entre amis que j’ai décommandé par peur de ne pas réussir à garder le contrôle de moi-même. Je ne compte plus le nombre de fois où il m’a fallu respirer dans un sac pour tenter de me calmer.

L’hyperventilation est quelque chose de très désagréable qui vous donne l’impression d’étouffer.

A l’époque, j’ai essayé une seule séance de psychologie, sans succès. J’ai tenté le Rescue en spray et les fleurs de Bach. Apparemment, elles donnent de bons résultats.

Certains trouveront du réconfort dans la sophrologie, le yoga, l’homéopathie ou même le sport. Ne comettez pas l’erreur de boire et de fumer beaucoup. Si ces substances donnent l’impression d’évacuer, en réalité, elles jouent le rôle de booster et accentuent les crises d’angoisse.

Aujourd’hui, je ne consomme de l’alcool que très rarement et tant pis si certains disent que l’on est coincée lorsque l’on ne boit pas !

Je m’en porte mieux, je connais mes limites et si je fais un excès, automatiquement mon corps et ma tête me rappelle la limite que je ne dois pas franchir en me déclenchant des symptômes d’anxiété. J’ai su dompter les crises d’angoisse ainsi que l’hypocondrie.

Et vous ? Êtes vous angoissé ? Pensez-vous être hypocondriaque ?

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