C’est pas la mère à boire !

Ce jour où tu deviens OFFICIELLEMENT une Maman…

Le 14 Décembre 2020, 2h46 du matin. Enfin 2h45 pour être exact. La sage-femme et moi ne sommes pas tout à fait d’accord sur l’heure. Une dernière poussée à s’en faire péter les yeux hors des orbites et nous y sommes ! Bébé K. est là…

Deux ans de dossiers, de paperasses, d’examens médicaux, de prises de sang, d’échographies, de piqûres, de stimulation ovarienne (inutile dans mon cas, je précise), de multiples déclenchements d’ovulation, des allers-retours en Espagne puis en Belgique, une fois, deux fois, trois, quatre, cinq fois…

Un passage obligatoire devant un psy de la clinique et par malheur, une intervention en urgence pour une grossesse extra-utérine. Par chance, je ne perds aucun organe dans la bataille et tout reste en place. Sauf le moral.

Comment le post-partum m’a épuisé

L’espoir faiblit, je suis sur le point d’abandonner quand finalement le 11 Mars 2020, une dernière insémination puis un test qui tourne positif le 26 Mars ! Nous allons être MAMANS… Deux barres roses sur le test.

L’émotion qui déferle. La peur. La joie. Les rires. Les pleurs. Je plane de bonheur toute la journée. Le soulagement aussi. Mais Dieu que le temps est long jusqu’à cette première échographie de datation.

Des cabrioles et des pirouettes ! À 13 semaines d’aménorrhées, Nanou suce déjà son pouce dans mon ventre ! C’est un coup de foudre immédiat entre elle et nous. À l’heure où j’écris ces lignes, elle dort bien profondément dans notre lit.

Pourquoi le nôtre ? Et bien parce qu’en définitive et depuis ce fameux 14 Décembre 2020 à 2h46, (2h45!) Nanou s’avère être un bébé qui nous a donné du fil à retordre (et énormément d’amour).

Photo de Sarah Chai

Dès sa venue au monde à la maternité, le personnel nous disait : “Qu’est-ce qu’elle regarde autour d’elle ! Qu’est-ce qu’elle est éveillée !”

Nanou n’était pas précoce puisqu’elle est née cinq jours après le terme estimé. La pédiatre elle-même semblait très surprise. Elle la disait très tonique et très observatrice. Elle dévisageait vraiment tout le monde mais je ne comprenais pas trop car n’ayant jamais fréquenté de nouveau-né, je n’avais pas trop de moyens de comparaison.

Je la trouvais normale. Magnifique évidemment mais normale ! D’ailleurs, une fois de plus ; qu’est-ce que la normalité ?

Le séjour à la maternité fut tout bonnement éreintant, pour moi comme pour ma compagne. Nous ne pouvions tout simplement pas dormir. Bébé K. dormit les quelques heures qui suivirent l’accouchement. Puis, ce fut terminé. Nous n’avons plus jamais dormi.

On entendait qu’elle dans tout le service. Elle avait une voix très puissante et très grave. Avec le recul, je crois bien qu’elle avait faim. Ma montée de lait s’est faite légèrement attendre.

Puis, ce fut l’engorgement ! Brutal, douloureux… Je me suis alors vue prescrire une machine de guerre, les amis. Tire-lait électrique double pompage ! Je l’ai toujours. Je la loue en pharmacie. Elle est prise en charge intégralement par la sécurité sociale.

Nous n’avons donc plus dormi du tout les semaines qui suivirent. Nous pourrions même parler de mois en ce qui me concerne dans la mesure où j’avais choisi d’allaiter (mais était-ce réellement l’allaitement, le problème ?) et que Nanou tétait la nuit toutes les heures jusqu’à ses trois mois.

Ayant repris le travail à mi-temps à ses trois mois et demi, je devais m’estimer chanceuse. Mais c’était éreintée que je m’y rendais, planquée derrière mon masque (crise sanitaire oblige) d’où ne dépassait qu’un amas de cernes pas très belles à voir. Un joli dix de tension venait couronner le tout.

Un bébé précoce

Bébé K. était le genre de bébé à sursauter au moindre son. Ça va un peu mieux aujourd’hui. Elle avait un très fort réflex de Moro ainsi qu’un RGO hélas non diagnostiqué. Les coliques du nourrisson semblaient très douloureuses également.

Il fallait systématiquement la verticaliser après chaque tétée pendant 1/2h afin de réduire ses gaz qui la faisaient se cambrer de douleur au sein. Ajouter à cela un fort réflex d’éjection du lait de ma part et c’était le jackpot. Nous pensions toucher le fond…

Bébé K. a dès son premier mois tenu sa tête toute seule ! Elle se montrait de plus en plus curieuse. C’était un bébé hyper potelé et les gens s’extasiaient sur ses bourrelets en permanence.

À vrai dire, ils n’en revenaient pas car je suis ce qu’on appelle un poids plume. J’ai perdu mes 24 kilos de grossesse en seulement trois mois. Par chance, aucune vergeture, le rêve ! (Désolée de constater que désormais vous me haïssez.)

Nanou a pourtant bien dormi dans son lit les premiers mois, uniquement je pense parce qu’elle s’endormait de bien-être après chaque tétée sur ma poitrine et je pouvais dès lors la déposer délicatement dans son petit lit à barreaux placé juste à côté du nôtre.

Elle enchainait quatre heures de sommeil. Puis le rythme était le suivant : réveil-tétée, dodo pendant trois heures puis tétée, puis dodo deux-trois heures puis réveil le matin de bonne heure et ce durant toute la journée ! Et oui, c’était le déroulement des nuits vers ses deux mois.

La situation a été très variable avec des améliorations et des régressions. Mais toujours, on y croyait ! On se disait : “On va y arriver, elle va faire ses nuits !” Nous étions épuisées. L’entourage nous bombardait de conseils et de questions telles que : “Mais est-ce que vous avez essayé de faire ci/ça ?”

Oui, Oui et OUI. Inlassablement, nous devions nous justifier en qualité de parents. Nous avons tenté énormément de choses. Nous avons chanté. Nous avons fredonné. Nous avons bercé.

Nous avons marché. Nous avons câliné. Nous avons consulté. Nous avons donné des biberons, ajouter des céréales, essayé la tétine, enlevé la turbulette, remis la turbulette.

Nous avons diffusé des bruits blancs, allumé une veilleuse, l’éteindre, la déplacer dans la pièce, allumer la lumière du couloir, l’éteindre également… Tout, tout, tout, nous avons TOUT essayé.

Le pire dans l’histoire réside très certainement dans le fait que nous ne pouvions et ne devions surtout pas nous plaindre. “Vous l’avez tellement voulu la vie de parents, vous l’avez !” Bien souvent, nous observions que les personnes qui se permettaient de nous dire cela n’avaient eux-mêmes pas connu la même détresse avec leurs propres enfants.

Vous savez, ces têtes blondes qui font leurs nuits dès la sortie de la maternité ! (“Ah ouai elle fait pas ses nuits ta fille ? Moi, mon fils, il dort douze heures par nuit d’affilée depuis la maternité et encore, il fait trois siestes de trois heures la journée ! Pfiou, je suis crevée aujourd’hui, tu veux un café ?) Non merci… pas de café, c’est pas compatible avec l’allaitement, connasse !

Un jour où j’allais faire un bilan sanguin, notre puce devait avoir dans les six semaines et nous nous battions donc contre coliques et reflux à corps perdus, quand l’infirmière qui me piqua eu ses mots qui me firent un bien fou.

Elle m’écouta parler et dû sentir ma solitude. Finalement, son tube à essai rangé, elle me dit “Vous savez, Madame, mon fils était pareil. Le seul truc qui marche vraiment, c’est la patience.”

De la patience. On en avait ! Vu le temps qu’on avait mit à concevoir l’amour de notre vie, on pouvait certainement passer autant de temps sinon plus à attendre qu’elle dorme.

Finalement, le temps qu’on avait passé à l’attendre et à espérer, on le récupérait en passant aujourd’hui des moments avec elle, bien plus qu’avec n’importe quel autre bébé qui passerait son temps à… DORMIR !

Cette pensée réconfortante m’a personnellement aidé à surmonter le cap, même si lorsque vous êtes véritablement exténuée, il devient difficile de profiter pleinement de la situation. Vous priez pour trouver ne serait-ce que deux minutes dans votre journée pour juste vous laver les dents ou avaler un yaourt.

D’autant que j’avais eu droit à une petite épisiotomie, rien de méchant, mais quand même, ça pique. Par conséquent, j’avais les dix premiers jours une hygiène irréprochable à respecter. Entre ça et les soins de cordon, devinez qui je faisais passer en premier ? Bébé, bien sûr.

Le post-partum, le fameux, l’immanquable, le magnifique -non pas Gatsby- mais Lochies !

Les lochies, ou la marée rouge du post-partum

Souvenez-vous pour celles qui ont eu la joie d’enfanter, vous fanfaronniez de ne plus saigner comme un cochon qu’on éventre à chaque fin de mois. Neuf mois plus tard, voilà que cela recommence. Vannes ouvertes, plein gaz, mes amis !

Si vous imaginiez que cela ne durerait que quelques jours sous prétexte que le flux s’était tari légèrement par la suite… que nenni mon petit, ça repart de plus belle en mode mini retour de couche !

Mais qu’est-ce que c’est que ça ? La femme ne galère pas suffisamment ainsi ? Après avoir porté la vie pendant neuf mois, fait du faux travail pendant une semaine, soufflé pendant dix-huit heures et poussé pendant trois quart d’heures, il fallait encore en baver ?

Les protections, parlons-en… N’essayez pas d’aller à l’économie ou de souhaiter sauver l’environnement après votre accouchement Mesdames. S’il y a bien quelque chose sur laquelle je n’ai pas lésiné, ce sont les serviettes périodiques JETABLES.

Moi qui d’ordinaire n’en utilise plus depuis trois ans par souci écologique, j’ai clairement baissé les bras de ce côté durant les semaines qui ont suivi la sortie de la maternité. Les chutes du Niagara durant trois ou quatre jours, puis le robinet semi-ouvert pendant un mois.

Trop peu pour vous voir prescrire du Tardyferon mais suffisamment pour vous ruiner le moral (et le portefeuille par la même occasion) et envoyer chéri.e au magasin acheter ce qu’il faut. Impossible bien sûr de s’assoir correctement.

Sans parler des courbatures. jamais personne ne m’a fait part de cela. Cette sensation d’avoir été rouée de coups était hallucinante ! J’ai cru me réveiller d’un long coma.

Bon, j’exagère peut-être… Mais à peine. C’était il y a neuf mois et je rédige aujourd’hui cet article. Croyez-moi, je m’en souviens. Etrangement, je ne suis pas non plus traumatisée comme si mon cerveau ne le permettait pas afin de sauvegarder l’espèce humaine ! (Qui sait ?)

Le jour où j’ai compris que mon bébé était un BABI

En tout cas, après bien des heures à tenir ma fille dans les bras et à tenter de l’endormir au sein pour l’apaiser, j’ai fini par trouver du réconfort sur des forums.

Armée de mon smartphone, j’ai pu, non sans un certain soulagement, réalisé que j’étais très loin d’être seule dans cette situation ! Je suis alors tombée sur le terme de BABI ! Traduction : Bébé Aux Besoins Intenses.

Ça a été la révélation ! Bébé K. correspondait en tout point à la description de tous ces petits monstres. Tous sans exception était dès la naissance extrêmement toniques et scrutateurs. Tous avaient plus ou moins des soucis soit de coliques soit de reflux gastriques.

Le syndrome de Kiss et les spasmes du sanglot étaient légions parmi ces bébés très demandeurs d’attention. Ils avaient tous besoin d’être énormément portés et l’allaitement s’avérait la plupart du temps être non pas le problème mais clairement LA solution.

En résumé, beaucoup de maternage est à privilégier pour ces petits bouts qui ne supportent pas la frustration et vivent chaque émotion de façon extrêmement intense.

Photo de J. carter

Notre Nanou est aujourd’hui une grande hypersensible et accepte très difficilement la contrariété. Depuis qu’elle a acquiert une certaine autonomie et qu’elle commence à trouver ses appuis, on constate que la situation s’est grandement améliorée !

Toujours aucune dent à l’horizon. La tonicité est toujours bien présente, il est très difficile de la changer et il faut sans cesse veiller à bien l’arrimer à sa poussette et sa chaise haute pour ne pas risquer l’accident. Les BABI seraient d’après certains professionnels de l’enfance de futurs enfants précoces.

Je pense donc veiller à garder un œil sur la scolarité de Nanou dans l’avenir, juste au cas où. 😉

Et vous ? Êtes-vous maman de BABI ? Avez-vous connu des difficultés dans vos débuts de vie en tant que mère ?

Envie de participer ? Lâchez-vous !