Créer son entreprise en étant haut potentiel : bonne ou mauvaise idée ?

La personne à haut potentiel intellectuel est pleine de ressources ! Mais sa vitalité débordante lui vaut de rapidement s’épuiser…

Est-il possible alors, quand on connaît l’énergie qu’il faut déployer pour monter un business, de créer son entreprise en étant haut potentiel, ou “zèbre” ? Notez que ce dernier terme, bien qu’original, est utilisé pour désigner les personnes à haut quotient intellectuel.

Être salarié haut potentiel intellectuel en entreprise : mission impossible ?

Ces dernières années, du fait d’une médiatisation accrue et de nombreux témoignages, le terme de haut potentiel s’est démocratisé. Et Einstein n’est désormais plus le seul HPI connu !

L’arrivée de séries sur nos écrans comme :

  • HPI (France),
  • Atypical (USA),
  • ou encore Astrid et Rafaëlle (France – autisme asperger)

a permis d’informer en masse tout en luttant contre l’invisibilisation de ces profils de la population.

Mais si le grand public est désormais au fait qu’il existe des quotients intellectuels plus élevés que la moyenne, et que tous ne ressemblent pas au héros dans Rain Man, beaucoup ignorent tout du quotidien de ces personnes hors norme. Les HP sont souvent qualifiées, et désignées par elles-mêmes, de neuroatypiques ou neurodivergents, ce qui renforce les clichés les concernant à mon sens.

Et plus particulièrement de leur quotidien professionnel… 👔

Pourtant, plus de 13% de la population mondiale possède un QI supérieur à 120. (En revanche, seulement 2,5% sont à plus de 130.)

Les profils HPI sont donc susceptibles d’être rencontrés au détour de la machine à café, bien cachés parmi vos collaborateurs…

Un inconfort qui pousse le haut potentiel à rester discret sur son Haut Quotient Intellectuel

Pourquoi bien cachés ?

Parce que la plupart du temps, la personne HPI fait tout pour :

  • se fondre dans la masse,
  • appliquer les codes sociaux attendus,
  • participer tant bien que mal à la vie de l’entreprise…

Bien que cela lui coûte bien plus en énergie que pour une personne neurotypique dotée d’un QI dans la moyenne (=100).

Les nombreux stimuli et obligations de résultat auxquels la personne HP est soumise peuvent rapidement la submerger et pomper son énergie vitale. Si le salarié haut potentiel ne travaille pas dans un secteur qui lui convient au dixième de degré près, ou ne recense pas les mêmes valeurs que lui, il sera plus susceptible de démissionner. Il pourra même être davantage sujet au burn-out qu’une personne neurotypique.

D’autant plus si la personne cumule son haut potentiel avec :

  • des troubles dys (de type dyslexie et dysgraphie),
  • tsa (=troubles du spectre autistique),
  • ou TDAh (trouble ou déficit de l’attention avec hyperactivité).

Ils disent que je suis différent, je dis qu’ils sont tous pareils.

A contrario, si le salarié est pris en charge dès son embauche et bénéficie d’un lieu adapté pour travailler (réduction du bruit, faible luminosité, intimité renforcée, possibilité de télétravail etc.), il sera plus facile pour lui de s’adapter et donc de rester au sein de son entreprise.

Malheureusement, par manque de connaissances sur le sujet de la part des employeurs ou par honte ressentie au sein de la communauté HP, peu d’aménagements de postes sont mis en place. Le sujet étant tabou. Précisons de plus que la douance n’est pas une pathologie.

Elle ne nécessite donc pas, du point de vue des institutions, d’aménagement de poste spécifique. 💔 Il n’en demeure pas moins que cette particularité complique fortement la vie des personnes concernées pour qui chaque émotion est exacerbée.

Comment sont perçues les personnalités HPI en entreprise ?

Ainsi, rares sont les salariés à rester plus de 2 ans dans une même entreprise… Davantage impactés par le phénomène de démission, ils sont souvent perçus comme des êtres instables. Selon certains employeurs, on ne peut pas avoir pleinement confiance en eux.

Ce qui est évidemment faux.

Le HPI est très dévoué à son entreprise et doté d’une forte conscience professionnelle. Mais sa douance l’empêche souvent de se concentrer aux horaires imposés par le cadre professionnel traditionnel.

Mais le haut potentiel n’y est pour rien !

Si la passion n’est pas là, il se lassera très rapidement ! Le HPI aura besoin d’explorer de nouveaux horizons… À moins d’être très régulièrement stimulé et sollicité pour mener de nouveaux challenges et relever des défis.

La personne HPI est parfois jalousée pour :

  • ses capacités d’adaptation (sauf en cas de TSA qui complique alors grandement les processus d’intégration)
  • ses facilités d’apprentissage. On lui reproche souvent d’être prétentieux et de se mettre en avant à tout bout de champ.

Le profil haut potentiel a souvent du mal à s’intégrer en entreprise

Bien que le HP se moque de briller en société, sa situation lui vaut de nombreux amalgames, des conflits entre collègues, voire certaines formes de rejet ou de tentatives de harcèlement. Sa grande sensibilité le fait parfois passer pour une personne naïve, trop gentille et en dehors de la réalité des mœurs actuels.

Ce qui lui importe vraiment, c’est la précision des actes et la véracité des faits. Le mensonge et l’injustice lui font horreur, de même que l’hypocrisie et les conventions sociales.

Nombreux sont les HPI à être atteints de dépression à un moment donné de leur vie… D’autant plus s’ils ignorent que la cause de tous leurs problèmes (ou presque) est en fait ce sentiment de décalage induit par un QI plus élevé que la moyenne… Un sentiment très dur à vivre qui peut même pousser les HPI à des formes dépressives graves et un passage à l’acte.

Il est à noter que les femmes mettent en moyenne 10 ans de plus que les hommes pour être “diagnostiquées”, bien que le terme ne soit pas approprié.

Créer son entreprise en étant haut potentiel : une stratégie de refuge

Devant toutes ces difficultés encore méconnues du grand public, et par crainte de passer pour marginale, la personne à haut potentiel prend souvent l’ultime décision de créer son entreprise afin de pouvoir jouir d’une liberté plus adaptée à son profil. Celle proposée par le salariat oblige à une certaine discipline et occulte souvent la créativité des HPI.

Ce dernier trait de caractère, loin d’être un défaut, se révèle même être un véritable booster pour l’ex-salarié HPI, devenu heureux fondateur de son entreprise.

Prudence en cas de cumul avec un TDAh ; le recours à des outils de gestion d’organisation ou le renfort de partenaires comme des freelances ou des coachs pourront aider à canaliser l’énergie. Il est essentiel de bien redistribuer celle-ci pour ne pas imploser.

La vie d’entrepreneur n’offre que peu de répit et si elle convient parfaitement aux personnes HPI pour la liberté de décision qu’elle permet, il convient d’être prudent pour ne risquer de vivre une situation de burn-out finalement similaire à celle rencontrée sous un statut salarié…

Le gros point fort de l’HPI réside dans sa capacité d’innovation et donc de création, qui lui permet de propulser son entreprise et de chercher des moyens d’action pour sans cesse la développer.

Jamais à court de ressources, le HPI créateur d’entreprise sera épanoui s’il trouve une oreille attentive qui saura l’écouter dans ses moments de doute. Le syndrome de l’imposteur ne manquera pas de se rappeler à lui, comme chez tout bon HP qui se respecte…

Ce qu’il faut retenir de cet article

Il est fréquent que la vie de salarié ne convienne pas à une personnalité HPI (haut potentiel intellectuel). Le manque de reconnaissance, de moyens, ou tout simplement d’objectifs, couplé au trop-plein de stimuli, freine sa créativité et nuit à sa santé mentale plus que chez n’importe qui d’autre.

Créer son entreprise peut permettre à la personne à haut potentiel, ou hypersensible, de rythmer son quotidien professionnel en fonction de son activité mentale. De plus, ses besoins en récupération sont plus largement respectés. Le cerveau d’un HPI tournant à plein régime, des phases de repos à des heures non compatibles avec le salariat sont de ce fait à prévoir.

Déléguer certaines missions peut s’avérer utile pour éviter la surcharge mentale, très fréquente chez les personnes HPI.

Enfin, créer sa propre entreprise et vivre de son activité apporte à l’HPI la stimulation et la gratification du travail bien fait. Or, c’est un aspect qu’il recherche particulièrement. Ne dit-on pas n’être jamais mieux servi que par soi-même ? 😉

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